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La transition énergétique est un conte de fées

La transition énergétique est un conte de fées

La transition énergétique est un conte de fées

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La transition énergétique est un conte de fées

Dans ce conte de fées, les humains, qui utilisaient jadis le bois comme principale source d’énergie, découvrirent un jour le charbon, qui s’avéra plus performant que le premier et qu’ils décidèrent naturellement de lui substituer. Grâce à la puissance qu’ils pouvaient tirer du charbon, les humains inventèrent des machines de plus en plus rapides et de plus en plus efficaces pour se déplacer ainsi que pour produire les objets dont ils avaient besoin, c’était la célèbre « révolution industrielle ».

Environ un siècle plus tard, toujours selon ce conte pour adultes infantilisés, les humains découvrirent encore une nouvelle source d’énergie : le pétrole. Le pétrole se révéla à son tour plus performant que le charbon et les humains choisirent donc d’abandonner l’un au profit de l’autre. Leurs machines devinrent encore plus rapides, encore plus efficaces, et ils appelèrent cela « le progrès », car ces évolutions, disaient-ils, rendaient la population plus heureuse, plus prospère et plus libre.

Le temps passa, la société continua de progresser et les humains finirent par mettre la main sur une source d’énergie qui, une fois encore, s’avéra plus performante que toutes celles qui l’avaient précédées, c’était l’énergie nucléaire. L’énergie nucléaire présentait cependant un certain nombre de… difficultés (!) qui la rendait impossible à déployer à grande échelle sur la planète. Elle resta donc l’usage exclusif de quelques grandes puissances qui s’autoproclamèrent « aptes » à la maîtriser et elle ne permit jamais de produire plus de 10% de l’énergie consommée à l’échelle mondiale.

En parallèle, les humains s’aperçurent qu’en brulant massivement des énergies fossiles comme ils le faisaient depuis 200 ans, ils causaient des dommages irréversibles à la planète. Un de ces dommages retenu particulièrement leur attention : le dérèglement climatique. Jamais fatigués, les humains se mirent en quête de nouvelles sources d’énergie moins polluantes et moins émettrices afin de poursuivre leur interminable marche vers le progrès. Grâce à la magie propre à tous les contes de fées, les humains découvrirent non pas une mais deux sources d’énergie. Elles étaient là depuis le début, juste sous leurs yeux, disponibles en abondance et apparemment non polluantes et décarbonnées : Il s’agissait du vent et du soleil. L’énergie éolienne et l’énergie solaire semblaient répondre à tous les critères nécessaires pour faire émerger une société industrielle plus propre, plus durable. Les humains placèrent donc tous leurs espoirs dans ces énergies « vertes » et maintinrent le cap vers ce qui constituait à leurs yeux le seul horizon possible et souhaitable – bien que certains commençaient sérieusement s’interroger sur sa signification – : le fameux, l’inébranlable PROGRES.

Nous en sommes là. A l’heure actuelle, les humains se sont pas allés bien loin dans leur « transition » vers les énergies vertes, mais les zélateurs de la croissance le jurent sur l’avenir de la planète : nous avons déjà effectué plusieurs transitions énergétiques par le passé et nous irons au bout de celle-ci ! Tous ceux qui sourcillent, qui posent des questions ou qui osent envisager des alternatives sont trainés dans la boue et accusés d’être de dangereux passéistes qui menacent l’équilibre du marché.

Problème : Comme tous les conte de fées, cette histoire de transitions énergétiques ne repose sur aucune réalité. Les humains n’ont jamais cessé de couper du bois au profit du charbon, pas plus qu’ils n’ont cessé de consommer du charbon pour passer au pétrole et absolument rien ne permet d’affirmer que l’éolien, le solaire, le nucléaire ou un mélange des trois ne va se substituer aux énergies fossiles. On aura beau délocaliser les industries polluantes dans les pays pauvres afin d’entretenir l’illusion d’une société sur la voie de la décarbonation, il suffit de jeter un oeil aux statistiques mondiales qui sont les seules pertinentes quand on parle de transition énergétique pour se rendre compte que cette dernière n’a jamais eu et n’aura jamais lieu.

Comme le montre le premier graphique ci-dessous[1]https://elucid.media/environnement/crise-climatique-et-energetique-regarder-la-verite-en-face-fressoz, la consommation de bois est restée quasiment identique au cours des 2 derniers siècles. Elle n’a pas baissé lorsque les humains ont commencé à utiliser massivement le charbon pour faire tourner leurs machines. En réalité, comme l’explique l’historien des sciences Jean-Baptiste Fressoz interviewé sur la chaîne Youtube Elucid [2]https://youtu.be/mMQwdUxF_bQ, c’est même le contraire qui s’est produit. Lorsque les humains ont commencé à exploiter le charbon, leur consommation de bois a littéralement explosé dans les pays industrialisés, notamment pour construire des kilomètres de tunnels dans les mines de charbon et des dizaines de milliers de kilomètres de lignes de chemin de fer pour relier les villes.

Quand les humains se sont mis à exploiter massivement le pétrole, la consommation de bois et la consommation de charbon n’ont pas davantage diminué. Encore une fois, c’est le contraire qui s’est produit. La consommation de charbon est montée en flèche dans les années 1950 et n’a quasiment jamais cessé de croître jusqu’à aujourd’hui.

Si le bois et le charbon continuent à être exploités massivement malgré la découverte du pétrole, ce n’est pas simplement, comme le veut une idée largement répandue, la faute des 1,4 milliards de Chinois qui auraient amorcé leur transition sociale et économique avec deux trains de retard. L’économie des pays occidentaux reste, en dépit du mythe de la transition énergétique, entièrement dépendante du bois et du charbon comme du pétrole. En 2021,l’Europe est revenue aux niveaux records qu’elle avait atteint dans les années 2013-2014 et a consommé à elle seule pas moins de 632 millions de tonnes de charbon sur une année [3]https://www.iea.org/reports/coal-2021. Le charbon, est par exemple indispensable pour produire l’acier nécessaire à la fabrication des voitures (y compris les voitures électriques), des éoliennes et des innombrables machines étiquetées « vertes » qui vont continuer à voir le jour dans les prochaines décennies.

Un coup d’œil au second graphique [4]https://elucid.media/environnement/crise-climatique-et-energetique-regarder-la-verite-en-face-fressoz offre également une perspective intéressante pour se faire une idée sur la façon dont la consommation énergétique a évolué au cours de l’histoire récente.

Une chose apparait clairement : les énergies ne se substituent pas les unes aux autres, elles s’additionnent. Plus préoccupant encore, la découverte d’une nouvelle source d’énergie a tendance non pas à faire diminuer mais à faire grimper la demande des énergies qui étaient déjà exploitées avant elle. On peut comprendre ce phénomène en se penchant sur l’exemple du bois. Auparavant, couper un arbre se faisait à la sueur de son front. Il fallait ensuite le débiter manuellement, le transformer en planches ou en poutres puis assembler tout cela avec la force de ses bras. Chaque geste et chaque étape de sa transformation nécessitait du temps et de l’énergie qu’il fallait puiser dans son propre corps ou éventuellement celui d’un animal. Aujourd’hui, un arbre peut être découpé, débité, tranché, transporté puis transformé en meuble et vendu en moins de temps qu’il n’en faut pour lire cet article. Tout ça grâce à des machines fonctionnant aux énergies fossiles. Demain la même chose sera accomplie grâce aux (à cause des) énergies vertes. Ce simple exemple devrait nous convaincre que l’avènement d’une civilisation basée entièrement sur les énergies renouvelables, même si elle était possible , serait en réalité une catastrophe sans précédent pour l’humanité et pour l’ensemble de la planète.

Il n’y a eu aucune transition énergétique au cours des 200 dernières années et prétendre qu’une transition vers les énergies renouvelables est actuellement en cours et que ce serait une bonne chose relève tout simplement du fantasme ou de l’escroquerie.

Les doux rêveurs, les utopistes, ne sont pas ceux qui appellent à changer radicalement le modèle de société. Ce sont ceux qui réduisent la catastrophe causée par la civilisation industrielle à un simple problème d’ordre technique dont la solution viendrait forcément des ingénieurs et des scientifiques. Les doux rêveurs et les utopistes sont ceux qui veulent à tout prix faire perdurer cette vieille civilisation à bout de souffle alors qu’elle est occupée à réduire en cendres à peu près tout ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. Par leur naïveté, leur idéologie et leur bêtise, ces doux-rêveurs font le jeu d’une minorité de cyniques prête à tout pour maintenir leur position et leurs privilèges.

La transition énergétique n’aura pas lieu. Le véritable « progrès » n’a une chance (infime) de se produire qu’à travers une révolution éthique et philosophique radicale. Ce n’est que lorsque une masse suffisante d’individus aura entamé cette révolution et se sera soulevée pour lui donner consistance que la Nature pourra reprendre la place qui lui est due et que les humains pourront retrouver un semblant de liberté.

>>> Visionnez l’interview intérgale de Jean-Baptiste Fressoz sur Elucid <<<

References

References
1, 4 https://elucid.media/environnement/crise-climatique-et-energetique-regarder-la-verite-en-face-fressoz
2 https://youtu.be/mMQwdUxF_bQ
3 https://www.iea.org/reports/coal-2021

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