10 livres à lire absolument en 2023
Perte de sens, disparition des valeurs, destruction du Vivant, multiplication des “crises”, élargissement du fossé entre les riches et les pauvres, multiplication du nombre de dépressions, … On pourrait poursuivre indéfiniment la liste des raisons qui devraient toutes et tous nous amener à nous interroger radicalement sur notre mode de vie et notre rapport au monde. L’un des symptômes les plus flagrants de notre époque, c’est notre incapacité à imaginer un monde différent. Notre imaginaire s’est littéralement atrophié; et parce qu’il s’est atrophié, nous ne nous rendons plus compte de ce que nous avons perdu et de ce que nous avons à gagner en laissant de la place aux alternatives qui tentent d’émerger. Les 10 livres que nous vous proposons ici sont des ouvertures… ils ont ouvert des brèches dans notre imaginaire, ils nous ont aider à penser le monde, à penser notre condition, et à penser notre incapacité à penser. Le meilleur que nous puissions vous souhaiter pour 2023, c’est de les lire afin qu’ils vous procurent autant de bienfaits qu’ils nous ont procurés à nous. Bonne lecture 😉
1. Lorsque le dernier arbre – Christie Michael
« Le temps ne va pas dans une direction donnée. Il s’accumule, c’est tout – dans le corps, dans le monde -, comme le bois. Couche après couche. Claire, puis sombre. Chacune reposant sur la précédente, impossible sans celle d’avant. Chaque triomphe, chaque désastre inscrit pour toujours dans sa structure ». D’un futur proche aux années 1930, Michael Christie bâtit, à la manière d’un architecte, la généalogie d’une famille au destin assombri par les secrets et intimement lié à celui des forêts.
20382038. Les vagues épidémiques du Grand Dépérissement ont décimé tous les arbres et transformé la planète en désert de poussière. L’un des derniers refuges est une île boisée au large de la Colombie-Britannique, qui accueille des touristes fortunés venus admirer l’ultime forêt primaire. Jacinda y travaille comme de guide, sans véritable espoir d’un avenir meilleur. Jusqu’au jour où un ami lui apprend qu’elle serait la descendante de Harris Greenwood, un magnat du bois à la réputation sulfureuse.
Commence alors un récit foisonnant et protéiforme dont les ramifications insoupçonnées font écho aux événements, aux drames et aux bouleversements qui ont façonné notre monde. Que nous restera-t-il lorsque le dernier arbre aura été abattu ?
2. Bullshit Jobs – David Graeber
Alors que le progrès technologique a toujours été vu comme l’horizon d’une libération du travail, notre société moderne repose en grande partie sur l’aliénation de la majorité des employés de bureau. Beaucoup sont amenés à dédier leur vie à des tâches inutiles, sans réel intérêt et vides de sens, tout en ayant pleinement conscience de la superficialité de leur contribution à la société. C’est de ce paradoxe qu’est né et s’est répandu, sous la plume de David Graeber, le concept de « bullshit jobs » ? ou « jobs à la con », comme on les appelle en français. Dans son style unique, virulent et limpide, l’auteur procède ici à un examen poussé de ce phénomène. Il soutient que, lorsque 1 % de la population contrôle la majeure partie des richesses d’une société, ce sont eux qui définissent les tâches « utiles » et « importantes ». Mais que penser d’une société qui, d’une part, méprise et sous-paie ses infirmières, chauffeurs de bus, jardiniers ou musiciens ? autant de professions authentiquement créatrices de valeur ? et, d’autre part, entretient toute une classe d’avocats d’affaires, d’actuaires, de managers intermédiaires et autres gratte-papier surpayés pour accomplir des tâches inutiles, voire nuisibles ? Graeber s’appuie sur les réflexions de grands penseurs, philosophes et scientifiques pour déterminer l’origine de cette anomalie, tant économique que sociale, et en détailler les conséquences individuelles et politiques : la dépression, l’anxiété et les relations de travail sadomasochistes se répandent ; l’effondrement de l’estime de soi s’apparente à « une cicatrice qui balafre notre âme collective ».
3. Betty – Tiffany McDaniel
« Ce livre est à la fois une danse, un chant et un éclat de lune, mais par-dessus tout, l’histoire qu’il raconte est, et restera à jamais, celle de la Petite Indienne. » La Petite Indienne, c’est Betty Carpenter, sixième de huit enfants. Parce que sa mère est blanche et son père cherokee, sa famille vit en marge de la société. Avec ses frères et soeurs, Betty grandit bercée par la magie immémoriale des histoires de son père, au coeur des paysages paisibles de l’Ohio.
Mais les plus noirs secrets de la famille se dévoilent peu à peu. Pour affronter le monde des adultes, Betty découvrira le pouvoir réparateur des mots.
4. Au commencent était… – David Graeber & David Wengrow
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5. L’arbre monde – Richard Powers
Dans ce nouveau roman, Richard Powers embrasse un sujet aussi vaste que le monde : celui de la nature et de nos liens avec elle. Les destins des protagonistes de ce récit, un psychologue, un étudiant, un concepteur de jeux électroniques, un photographe amateur, une botaniste visionnaire, s’entrelacent autour de ce qui est peut-être le premier et le dernier mystère du monde : la communication entre les arbres. Au fil d’une éco-fiction aux dimensions symphoniques, avec au centre du récit un séquoia menacé de destruction, Richard Powers explore ici le drame écologique et notre lente noyade dans le cyber-world, et nous rappelle que sans la nature notre culture n’est que ruine de l’âme.
6. Civilisés à en mourir – Christopher Ryan
Christopher Ryan explore dans cet ouvrage les différentes manières dont le prétendu « progrès » dégrade notre façon de vivre – de manger, d’apprendre, de ressentir, de nous accoupler, d’être parents, de communiquer, de travailler et de mourir.
En effet, contrairement à ce que prétend la doxa, l’avènement de la civilisation ne fut pas la bénédiction tant vantée. La sédentarisation et l’adoption progressive de l’agriculture permirent l’émergence de sociétés stratifiées en classes, lourdement inégalitaires, amputant au passage la liberté de l’être humain. En outre, l’essor du mode de vie hautement technologique moderne éloigne toujours plus l’individu du monde réel et l’empêche de satisfaire ses besoins physiques élémentaires.
La vie préhistorique, bien sûr, n’était pas exempte de dangers. De nombreux bébés mouraient en bas âge. Un os cassé, une blessure infectée, une morsure de serpent ou une grossesse difficile pouvaient mettre la vie en jeu. Mais en fin de compte, s’interroge Christopher Ryan, ces risques pré-civilisés étaient-ils plus problématiques que les fléaux modernes que sont les inégalités sociales, les maladies infectieuses, les maladies « de civilisation » — surpoids, obésité, cancers, maladies cardiovasculaires, maladies psychiques en tous genres (stress, angoisses, dépressions, etc.), caries dentaires —, les pollutions diverses et variées, le réchauffement climatique, la surexploitation du monde ou encore la longue fin de vie agonique permise par la technologie ? Christopher Ryan affirme que nous devrions commencer à regarder en arrière pour trouver notre chemin vers un avenir meilleur.
7. Comment la non-violence protège l’état – Peter Gelderloos
Le dernier ancêtre commun aux hommes et aux oiseaux remonte à environ 300 millions d’années. Ça fait loin… Et ça nous donne une idée de l’abime qui sépare notre univers mental de celui des oiseaux. Difficile de s’imaginer ce que peut ressentir un petit être qui vole, pond des œufs et construit des nids à l’aide de son bec. Mais si on prend un peu de temps pour l’observer, on s’aperçoit très vite que nous avons de nombreux points communs. Comme nous, il aime jouer, manger, séduire, prendre du bon temps. Bien que pourvus d’un cerveau reptilien de petite taille, les oiseaux possèdent un génie qui leur est propre.
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8. Dans la forêt – Jean Hegland
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9. Le mythe de la machine – Lewis Mumford
Dans cette magistrale synthèse de l’histoire du développement humain, Lewis Mumford, face à l’énigme de l’asservissement total de l’homme moderne au système technique qu’il s’est créé, est amené à repenser de fond en comble le processus de l’humanisation. Il bat en brèche l’idée d’un homme essentiellement fabricant et utilisateur d’outils et montre que l’intelligence humaine s’est développée, tout autant sinon davantage, grâce à la création de symboles, de rites et d’idées
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10. Les furtifs – Alain Damasio
Ils sont là, parmi nous, jamais où tu regardes, à circuler dans les angles morts de la vision humaine. On les appelle les furtifs. Des fantômes ? Plutôt l’exact inverse : des êtres de chair et de sons, à la vitalité hors norme, qui métabolisent dans leur trajet pierres, déchets, animaux ou plantes pour alimenter leurs métamorphoses incessantes. Lorca Varèse, sociologue pour communes autogérées, et sa femme, Sahar, proferrante dans la rue pour les enfants que l’Education nationale, en faillite, a abandonnés, ont vu leur couple brisé par la disparition de leur fille unique de quatre ans, Tishka – volatilisée un matin, inexplicablement. Sahar ne parvient pas à faire son deuil alors que Lorca, convaincu que sa fille est partie avec les furtifs, intègre une unité clandestine de l’armée chargée de chasser ces animaux extraordinaires. Peu à peu, ils apprendront à apprivoiser leur puissance de fuite et à renouer, grâce à eux, avec ce vivant que nos sociétés excommunient. Les furtifs nous plonge dans un futur proche où le libéralisme et la technologie n’ont jamais aussi bien maximisé nos servitudes volontaires – sous couvert de libération !
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